Stabilité à long terme du traitement orthodontique et importance de la contention

De même qu’un traitement correct en orthodontie nécessite de traiter les deux arcades en même temps, il n’est rien sans un système de stabilisation de la position dentaire à la fin de celui-ci.

En effet, il est aussi important d’engrener les dents, c’est-à-dire maximiser le nombre de contacts entre les arcades dentaires afin de permettre aux dents de se stabiliser entre elles, que de permettre à celles-ci de s’ancrer dans leur position définitive en fin de traitement par le biais d’un moyen de contention.

La dent trouve sa position d’équilibre entre les forces de la langue et des lèvres dans un couloir de force neutre. Cet équilibre peut très vite être perturbé par l’apparition de tics ou de parafonctions de type morsure de la lèvre, respiration buccale, pulsion de la langue, mordillements de bics, ongles, succion du pouce, etc…

Sachant cela, trois facteurs vont favoriser la stabilisation à long terme ;

– la qualité du traitement et des finitions 

( on ne vous embête pas pour rien, des dents alignées c’est bien, des dents en contact entre elles c’est mieux)

– la suppression et la gestion des parafonctions 

( ceci comprend la gestion du stress en cas de bruxisme par exemple)

– le port d’un système de contention ou phase passive de traitement. 

Et n’oublions pas l’absence/présence des dents de sagesse et la possibilité pour celles-ci de sortir correctement 😉

Une contention pourquoi ?

Pendant tout le traitement vos ligaments, sorte de coussin amortisseur se trouvant entre la dent et l’os, vont être sollicités. Ils se trouveront alors « détendus » et mettront plus ou moins un an à retrouver leur stabilité. Cette période de stabilisation est capitale, étiré dans un sens votre ligament n’aura de cesse de vouloir retrouver sa position initiale à moins qu’on ne le contrarie dans la position voulue.

Combien de temps ?

On dit souvent que la phase de contention ou phase passive doit au moins durer le temps de la phase active ou phase de traitement. En réalité au plus longtemps au mieux ! En effet, nous n’usons plus assez nos dents et là, où nos ancêtres arrivaient encore à compenser un mouvement dentaire en mangeant des aliments mêlés de terre ou de sable, notre alimentations « propre »ne nous permet plus de compenser le mouvement tertiaire des dents présent chez tout le monde à partir de 25 ans.

Quelles contentions ?

L’idéal un fil de contention en haut et en bas.

Petit fil tressé collé sur la face interne des dents de canines à canines en haut et en bas, il s’oublie facilement et ne se voit pas de l’extérieur. Le système multibrins permet à la fois de respecter le mouvement biologique des tissus dentaires et de renforcer la position dentaire. Son gros avantage, vous ne devez pas y penser sauf au moment du brossage. 

Petite histoire du traitement orthodontique

Bien que des traces d’appareillage orthodontique aient déjà été retrouvées en Egypte antique, on attribue habituellement aux dentistes français Pierre Fauchard les premières motivations orthodontiques. En effet, celui-ci, auteur en 1728 du célèbre « Traité des dents », sous le règne de Louis XV, parle je cite de « dents tordues, mal arrangées et des moyens, des remèdes pour les raffermir… »

A la cour, à cette époque, on commence déjà à se soucier de son esthétique dentaire et les moyens mis en œuvre pour réaligner sont, somme toute, rudimentaires. « Pour mettre une dent de niveau avec les voisines, on pourra y réussir par l’usage des doigts, du fil commun, de la soie, de petites plaques ou lames faites d’or ou d’argent ou d’autre matière convenable… »

A l’heure de l’orthodontie 2.0 tout cela peut sembler bien désuet. Cependant, quelques préceptes sont toujours d’actualité. Le stripping, par exemple, technique utilisée fréquemment avec l’outil de travail Invisalign où en orthodontie classique est déjà évoqué ; « Si une dent mal située peut être mise au rang des autres à la faveur de quelque espace, on redressera cette dent en la limant autant que possible. ».

Des dents sont mêmes luxées puis déplacées directement au fauteuil et cela même sans anesthésie. C’est vous dire la motivation extrême du patient !

A la fin du 18ème siècle place à l’extractionnisme avec l’anglais J.Hunter. Pour lui, la croissance ne pourrait pas combler un trop grand manque de place. Il préconise donc l’extraction de une ou deux dents pour favoriser la position dentaire. Ceci n’est pas au goût de tout le monde et en résulte le débat extraction/non extraction toujours d’actualité. Mr Lefoulon fait alors allusion à l’élargissement des arcades pour récupérer de la place. Le précepte d’une vision plus  globale de la sphère oro-dentaire était né.

Au 19ème siècle, les avancées sont parallèles, on se rend de plus en plus compte de l’importance des rapports entre les arcades pour la mastication et du lien entre la croissance et l’environnement. Des appareillages destinés à jouer sur la croissance apparaissent pendant que parallèlement le système de petites lames de Mr Fauchard ne cesse d’être amélioré pour arriver début du 20ème siècle à l’ancêtre de nos systèmes multi-attaches actuels.

Depuis lors, ce système ne cesse d’être amélioré ; les bagues deviennent de plus en plus petites et des plaquettes céramiques apparaissent, plus esthétiques, elles prennent la couleur de la dent. Fin du 20ème siècle, l’orthodontie devient même numérique avec la création en 1997 de la société Align qui crée l’outil de traitement Invisalign, système d’alignement qui associe gouttières thermoformées et technologie numérique moderne.

 La prise en charge orthodontique devient multifactorielle et l’ensemble de l’individu est scanné. Quel est son type de croissance, sa manière d’avaler, sa position corporelle,… L’orthodontie devient intégrative et travaille si nécessaire de concert avec d’autres disciplines comme la logopédie, la kiné, l’ostéopathie et la chirurgie pour rétablir la balance des arcades et stabiliser les résultats à long terme.

Elle prend alors tout son sens et rentre dans sa définition établie par la SFODF (société française d’orthodontie) ; « la partie de la médecine qui étudie la forme, la position et le fonctionnement des éléments constitutifs de la face, et qui les modifie pour assurer leur santé, embellir leur apparence et améliorer leurs fonctions ».